« No Sport » vu par son auteur-interprète

La guerre des Boers, le 10 mai 1940, l’évocation des guerres structure lespectacle, est-ce exagéré d’affirmer que la guerre révèle l’homme ? Et particulièrement Winston Churchill ?

C’est vrai que la question des guerres et des conflits m’a toujours animée. Je me suis longtemps demandé quelle aurait été ma réaction si j’avais vécu dans des conditions aussi extrêmes... Est-ce que j’aurais collaboré, est-ce que j’aurais trouvé cela inacceptable ? La guerre scelle le destin d’un homme. Formé à l’école militaire, Churchill a montré ce qu’il avait dans le ventre à cette époque mais je ne dirais pas que sa vie se résume à cela. Loin de là, c’est un des points de départ du spectacle.

Churchill a été un leader particulièrement charismatique. Evoquer sa personnalité multiple à une époque qui manque peut-être de ce type de leaders, était-ce délibéré ?

Ce qui m’a interpellé chez Churchill, c’est que c’était un leader éclairé et un artiste, ce qui est beaucoup plus rare. C’était un homme qui avait une vision du monde. C’était aussi un historien, on lui doit entre autres une histoire de son pays et puis, il y a ce prix Nobel de littérature qu’on lui décerne en 1953. C’est dans ce terreau qu’il a puisé ses racines d’homme politique. Et là, encore, je ne parle pas du peintre. La complexité de cet homme est immense et m’a toujours intrigué. Et enfin de compte, il n’est resté que très peu de temps aux premières loges du pouvoir. Il a connu des revers mais n’a jamais perdu de sa faconde.

La vie de Churchill a aussi été marquée par quelques femmes, c’était un homme bien entouré, non ?

On ne peut pas parler de lui sans évoquer sa femme, Clémentine. Sa gouvernante et sa mère ont également compté dans sa vie mais de manière très différente. Sa mère avait tout d’une princesse de contes de fée mais en négatif : elle était inaccessible. Il a bien sûr côtoyé la reine Elizabeth II puisqu’il fut son premier Premier ministre et comme elle disait «il faisait partie de sa famille»…

Entre l’homme public et l’homme privé, Stéphane Stubbé, auteur et comédien n’a eu que l’embarras du choix…

C’est vrai que les deux pôles sont passionnants… C’est que j’adore avec les hommes et les femmes célèbres, on ne sait plus où donner de la tête. Ils ont des vies bien remplies, pleines de rebondissements, de travers et puis surtout, ils sont comme nous, ils ont deux bras, deux jambes et une tête. J’aime ces allers-retours entre l’Histoire et la petite histoire. Tous ces petits riens qui font un destin. Tenez, Churchill, jeune militaire, fumait, en plein combat pendant la guerre 14-18, il est allé chercher des allumettes… et il avait à peine les talons tournés que une explosion survint à l’endroit précis où il se trouvait quelques secondes avant… La seconde guerre mondiale aurait-elle été la même sans son discours du 10 mai 1940 ? Who knows !